vendredi 14 septembre 2018

FÉLIX MENDELSSOHN - BARTHOLDY

 

 FÉLIX  MENDELSSOHN - BARTHOLDY

   
      L'envol d'un pur génie de la musique




             "Où trouver un musicien                                                              pour traduire le trouble de mon cœur?"
                                                             Orfi


   


   En écrivant ces lignes, j'écoute le fabuleux octuor à cordes, écrit par Mendelssohn à l'âge de 16 ans seulement.

   Un chef-d'œuvre de la musique de chambre du 19ème siècle, porté par une exaltation fiévreuse, un élan, un souffle...
   L'inspiration du compositeur semble infinie.

   Comment ce tout jeune homme, cet adolescent, a-t-il pu composer une œuvre pareille, portant déjà la marque d'un très grand maître! Il nous emporte, nous charme, nous éblouit...

   


    Même inspiration miraculeuse dans le premier trio pour violon, violoncelle et piano, pour lequel j'ai tenu la partie de piano en concert, j'avais alors 17 ans.

    Je me souviens de notre fascination pour cette œuvre, du travail considérable pour la mettre au point AVEC L'AIDE DE NOS PROFESSEURS, car la musique de Mendelssohn présente de grandes difficultés techniques, notamment au piano.

   Musicalement, ce fleuron du répertoire demande un travail approfondi. Comment servir au plus juste sa juvénile et féconde poésie?

  


   Le violoncelle inaugure le premier mouvement avec une mélodie admirable, chantée à son tour par le violon.
Le  piano, virtuose, se partage entre lyrisme et bravoure. 
L'œuvre se poursuit avec brio, dans un élan irrésistible.
   La coda finale, un déferlement de gammes et d'arpèges joué dans un tempo extrêmement rapide, et qui nous emporte inexorablement  vers une conclusion magistrale!


   Le mouvement lent, qui longtemps m'a ému au point de ne pas pouvoir le jouer.
Son premier thème est l'un des plus beaux que je connaisse. Une mélodie tendre, lumineuse, qui s'élève vers un monde de grâce.

   Une parenthèse d'amour dans la vie des hommes.


   Nous étions très fiers ce jour-là, d'avoir réussi ce qui pour nous jeunes musiciens, ressemblait fort à un exploit.

   


   Mendelssohn est un compositeur admirable, particulièrement dans l'art vocal.

   Alors que j'étais plongé dans la lumière de ses motets, j'ai noté des mots, des phrases, des éléments de réflexion qui me semblaient évoquer la magie de sa musique.

   Je vous les livre tels quels.

   


Profond sentiment de religiosité
Harmonie pure

BEAUTÉ SONORE

Art de la composition


MAÎTRISE des subtilités de l'harmonie

Le contrepoint parfaitement conjugué à la musique romantique


Le secret des forêts profondes


LÉGÈRETÉ
sensualité
pudeur

      


Lumière
Pureté

Accord des opposés


Joie lumineuse, rayonnante

CONFIDENCES DE L'ÂME

Drame mesuré et nuancé


Recherche d'un ÉQUILIBRE à travers l'écriture

Silence habité

Musique qui naît du SILENCE

     


L'amour qui rayonne d'un cœur sincère

Amour qui s'exprime au plus près de l'âme


Pas de pathos
pas de sensiblerie
pas d'excès

UN SENS INNÉ DE CE QUI EST
BEAU POUR L'OREILLE,
DE CE QUI "SONNE BIEN"


Vision inspirée du monde des fées et des elfes, des ondines, des gnomes

La ronde des lutins agiles et facétieux.

MAGIE INTEMPORELLE

   


(Puis, j'écoute l'oratorio ÉLIAS)


La musique comme LE GOÛT LE PLUS ÉLEVÉ,
une expression de la beauté terrestre et céleste.

Emportement
Passion
Drame

Construction grandiose

Entre ombre et lumière


MYSTÈRE NIMBÉ DE GRÂCE


Le tragique de l'existence,
      Vécu et sublimé

  


Musique dépeinte comme un tableau
     avec des couleurs, des zones d'ombre,
  une lumière secrète.

Les nuées célestes


Une construction rythmique qui avance
     avec régularité, qui est
             structurante et apaisante

La douceur et rigueur du classicisme,
habitée cependant des sentiments
du romantisme

    


L'orage surgit, il est bien là, il emporte tout

Ce n'est pas une musique
de l'ennui ou du compromis!

La musique se fait SOLENNELLE, comme un cantique lent et harmonieux


La musique du compositeur allemand, de part sa perfection mélodique et harmonique, agit sur son auditeur un peu comme le ferait un massage sonore bienfaisant.

On peut penser que les harmonies sont conventionnelles, mais il n'en est rien.

     


Qui a mieux composé que lui?
Qui est parvenu à cet équilibre prodigieux
ENTRE MÉLODIE ET ACCOMPAGNEMENT, JUBILATION ET INTÉRIORITÉ?

Qui a su écrire si parfaitement
pour un chœur, un orchestre?


Qui a su comme lui nous plonger
dans le ravissement, si bien qu'on
ne se lasse pas de sa musique,
on pourrait l'écouter des heures durant?

  


Mendelssohn est l'anti-Schumann.


Il n'habille pas le sentiment d'une
profonde déchirure.

Il ne parle pas de douleur, de tragédie,
d'un conflit permanent.

Il ne projette pas sa douleur sur l'auditeur.


Il est plutôt du côté de Bach.
Langage mesuré, douleur sublimée.

Il expose sa musique comme un très bel
objet, quelque chose d'infiniment précieux.

   

Il a choisi de confier à la musique
quelque chose de très élevé,
de très humain aussi.



   MENDELSSOHN APAISE CELUI
   QUI SE CONFIE À LUI.


   IL OFFRE UN CHEMIN DE BEAUTÉ,
   DE CONSOLATION VERS
   LA PAIX INTÉRIEURE.

   


     "La critique est la puissance                                                                               des impuissants."
                                          Alphonse de Lamartine




  Richard Wagner, personnage sombre et controversé, avait d'abord salué la musique de Mendelssohn.

Mais trois ans après la mort de son collègue, il fit paraître sous un nom d'emprunt un violent pamphlet, fustigeant non seulement le compositeur, mais aussi l'homme, en raison de ses ascendances juives. 
En réalité, la famille Mendelssohn s'était convertie au protestantisme.

    Le poison ne demandait qu'à se diffuser.

  


   La réputation de Mendessohn en fut entachée durablement, et malheureusement aussi sa qualité de musicien et de compositeur. 

   Encore dans ma jeunesse, on lui reprochait d'être "facile", un compositeur "bourgeois" écrivant une "musique de salon"...
   On lui prêtait des faiblesses dans sa manière de composer.


   Ce n'est que récemment qu'il a été enfin réhabilité aux yeux (et aux oreilles!) du public et des interprètes.

    Actuellement, je pense que la majorité des gens aiment sa musique, passionnément.

  


   Ce que j'en pense?

   Elle est exceptionnelle, merveilleusement inventive, splendide à jouer. Elle nourrit l'âme et le cœur au même titre que tous les plus grands compositeurs de son temps.

   Mendelssohn était l'un des compositeurs les plus célèbres de son époque.
L'un des plus cultivés aussi, tout comme Franz Liszt.

Il fut l'un des chefs du prestigieux orchestre du Gewandhaus de Leipzig.

Robert Schumann, qui était son ami, lui vouait une grande admiration.

   Il a travaillé sans relâche pour son art, jusqu'à l'épuisement.

   


    Là où il me touche particulièrement, c'est dans son dernier quatuor à cordes en fa mineur opus 80, qu'on appelle aussi "le Requiem pour Fanny".

   
Il était en effet très proche de sa sœur Fanny, excellente pianiste et superbe musicienne. 

Fanny Mendessohn mourut brutalement, le 14 mai 1847. Son frère en fut anéanti de chagrin.

Il ne s'en remit jamais.

À peine 6 mois plus tard, le 4 novembre 1847, mourait à l'âge de 38 ans, l'un des plus grands genies de la musique.

Un talent sublime, éclos très précocement et disparu si jeune, comme cela fut le cas de quelques autres très grands de la musique:  Mozart, 35 ans, Schubert, 31 ans, Chopin, 39 ans.

Comme si ces puissants esprits s'étaient consumés dans une vie de bien trop de souffrances.

  

   Son ultime quatuor, composé dans la période suivant la mort de sa sœur bien-aimée, est un véritable cri.

   Un cri de douleur, de désespoir.


   Peu de répit pour la lumière dans ces quatre mouvements, mais une détresse sublimée par la musique, peut-être un moyen de rechercher une consolation à travers son art.

   Tour à tour agité ou désespéré, le discours musical du quatuor à cordes, illustre forme s'il en est, offre au grand compositeur un espace où pleurer et dire la souffrance qui l'étreint.


  Tout simplement touchant.

  Un pur chef-d'œuvre.

    


   Comment terminer ce portrait sans parler du Psaume 42, et de son ouverture:



     "WIE DER HIRSCH SCHREIT
      NACH FRISCHEM WASSER,

      SO SCHREIT MEINE SEELE
      O GOTT ZU DIR"

   


 Tout comme le cerf crie après l'eau fraîche,
 Ainsi crie mon âme après toi, ô mon Dieu!

  


   Le Psaume fut écrit à l'occasion d'un événement heureux, puisque le jeune Félix Mendessohn venait d'épouser Cécile Jeanrenaud. Il auront 4 enfants.

C'est au cours de leur voyage de noces qu'il composa ce psaume, évoquant l'amour de Dieu, et certainement aussi l'amour humain et charnel. 
C'est en tout cas ce que l'on peut imaginer.

Lorsque j'entends le morceau d'ouverture, je vois apparaître intérieurement l'image pure d'un cerf, entouré de quelques biches, s'abreuvant à un ruisseau...

La forêt est toute vibrante du chant des oiseaux.

La lumière est douce, à l'image d'une musique limpide, et pénétrée d'un sentiment d'élévation et de gratitude.

L'hommage d'un poète à une nature virginale.


   



   Il y a dans cette œuvre toute la générosité du compositeur allemand, telle que j'ai essayé de la décrire dans cet article.
    Son amour d'une musique pure, qui touche la fibre sensible en nous.

  



  Il y aurait tant à dire encore, tant de de chefs-d'œuvre à louer!

     Le concerto pour violon en mi mineur,
     Les concertos pour piano
     Les romances sans paroles
     Le songe d'une nuit d'été
     Les symphonies
     Les oratorios
     La musique de chambre...

...et tant de pièces moins connues.

    

      "L'amour est l'ultime signification de tout ce qui nous entoure. Ce n'est pas un simple sentiment, c'est la joie qui est à l'origine de toute création."
             Rabindranath Tagore
        "Le jardinier d'amour"

  


  Qu'est la musique, si ce n'est de l'amour mis en forme, venant charmer nos oreilles et combler notre cœur?

    


Jérémie, le 13 septembre 2018