dimanche 28 mai 2017

Arthur Rimbaud: images fulgurantes et passion de la jeunesse



ARTHUR  RIMBAUD:
IMAGES  FULGURANTES
ET  PASSION DE  LA

JEUNESSE


       




                   FLEURS

    D'un gradin d'or,- parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil,- je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes d'argent, d'yeux et de chevelures.
    Des pièces d'or jaune semées sur l'agate, des piliers d'acajou supportant un dôme d'émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d'eau.
    Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus, et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.

                        Poèmes en prose

                      •••••••••

       





         BANNIÈRES  DE   MAI

Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s'enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange,
L'azur et l'onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.




Qu'on patiente et qu'on s'ennuie
C'est trop simple. Fi de mes peines.
Je veux que l'été dramatique
Me lie à son char de fortune.
Que par toi beaucoup, ô Nature,
- Ah moins seul et moins nul!-
                                    je meure.
Au lieu que Bergers, c'est drôle,
Meurent à peu près par le monde.




Je veux bien que les saisons
                                       m'usent.
À toi, Nature, je me rends;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s'il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m'illusionne;
C'est rire aux parents, qu'au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien;
Et libre soit cette infortune.

                  Les Illuminations

                       ••••••••

 




                 VOYELLES

A noir, E blanc, I rouge, U vert,
               O bleu: voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances
                latentes:
A, noir corset velu des mouches
                éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs
                cruelles,

Golfes d'ombre; E, candeurs des
                vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs,
                 frissons d'ombelles;
I, pourpres, sang craché, rire
                 des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses
                  pénitentes;




U, cycles, vibrements divins
                   des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux,
                   paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands
                   fronts studieux;

O, suprême Clairon plein de
                    strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes
                     et des anges:
- O l'Oméga, rayon violet
                     de Ses Yeux!

                        ••••••••

 




                     AUBE

   J'ai embrassé l'aube d'été.

   Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes; et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

   La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

   Je ris au wasserfall qui s'échevela à travers les sapins: à la cime argentée je reconnus la déesse.




   Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras.
Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. À la grand'ville, elle fuyait parmi les clochers et les dômes; et, courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

   En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu de son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.

   Au réveil, il était midi.

                       Poèmes en prose

 

                •••••••••••••••••••



   La poésie de Rimbaud me fascine totalement.

   Ce si jeune homme - à 17 ans il  était au sommet, ce tempérament indomptable, révolté, ce diable aux habits d'ange, est désormais considéré comme l'un des plus grands poètes français.
   Il est à peine imaginable que ces purs chefs-d'oeuvres aient été écrits par un adolescent, et surtout dans ce
19ème siècle si pudibond et corseté.

    Les poèmes de Rimbaud sont pour la plupart sauvagement originaux et sont au service d'un imaginaire fiévreux et passionné.
    Ils sont sans concession.

    Je suis admiratif des images et métaphores que Rimbaud crée avec une apparente facilité.
    Elles sont violentes, les couleurs jaillissent comme du sang, les mots sont associés avec une fantaisie et un génie qui laisse sans voix.

   À vrai dire, je ne comprends pas tout dans ces poèmes, je me laisse imprégner par leur musique haletante, désespérée.
   J'ouvre mon cœur, et j'entends le cri d'amour et de révolte de cet adolescent tourmenté. J'entends sa profonde détresse.

  J'entends l'intransigeance et la pureté de la jeunesse.

 

   Rimbaud cessa d'écrire de la poésie à 17 ans.
  Une seconde vie commença pour lui, de commerçant et d'aventurier. Il voyagea dans des conditions parfois très dangereuses, en Afrique et ailleurs.
    Il avait tout dit. À 17 ans.

   Je vous fais partager quatre de ses œuvres. Il y en a bien d'autres.

    Rimbaud était libre, d'une certaine façon. Libre d'être ce qu'il était. Libre de nous interpeler par la violence inouïe, la splendeur de ses mots.





Jérémie, le 25 mai 2017

dimanche 21 mai 2017

Les fleurs ce miracle qui surgit


     LES  FLEURS,
        CE  MIRACLE  QUI  SURGIT


  

   Les fleurs sont la poésie de la Terre.

 

    Elles ne poursuivent d'autre but
que de créer l'harmonie la plus pure.

 

    Les fleurs sont comme un rêve de perfection qui devient réalité.

 

    Elles sont la surprise au détour du chemin, l'étonnement qui surgit de nulle part.

 

   Les fleurs nous enseignent la méditation la plus profonde: être soi, rien que soi, parfaitement.

 

     Elles n'existent que dans le plus pur présent.
     Leur couleur est ce miracle qui nous est donné.

 

     Elles donnent toute leur beauté à chaque instant.
     Leur générosité est sans bornes.

 

     Les fleurs sont la perfection et le seront jusqu'à la fin des temps.

 

    Comme pour créer à l'infini, la Nature les a fait innombrables.

 

     Les fleurs ont inspiré les poètes en tout temps et en tout lieu.

 

    Les fleurs me bouleversent.

 

    Elles rendent ma vie plus belle.
 

Jérémie, le 11 mai 2017

lundi 15 mai 2017

Prière à Jésus


          PRIÈRE  À  JÉSUS

    


Jésus, parfois ma vie chavire.

J'aimerais avoir
Un peu de ton courage.

J'aimerais aimer comme toi.

   


Quel grand exemple
Tu as donné aux hommes!

Oui, tu étais amour;
Mais ce que tu as montré
En abondance,
C'est ton courage!

Il me manque parfois
Juste un peu de ce courage...
 

   


Je voudrais suivre ce chemin
Que tu nous montres.

Chemin de courage,
Vers le cœur de notre être.

   



Parfois je défaille,
La colère m'envahit
Comme une mer
Que rien ne calme.

Je prononce des paroles amères.

Mes blessures s'ouvrent.
J'ai encore failli
À ton exemple de patience infinie.

   


Comme je regrette alors!

Je prends conscience
De ma faiblesse.

Je suis encore loin
Du sommet,
Qui se perd
Dans la brume.

  


Cette montagne,
Tu l'as gravie,
Toi aussi.

Comme tes pas
Ont dû te sembler lourds.

Combien la peur
A dû t'envahir!

Tu étais venu parler d'amour,
Et l'on en a voulu à ta vie.

  


Tu savais
Que la terrible épreuve
Qui t'attendait,
Était insupportable,
Au-dessus de tes forces.

   


Tu savais
Que tu étais venu
Pour cela.

Verser ton sang.

Cela m'est inconcevable,
D'imaginer le courage
Qu'il t'a fallu,
Pour boire la coupe
Jusqu'à la lie.

  


À nous il nous
Est demandé si peu.

Et pourtant c'est le même calvaire
Que nous gravissons,
Jour après jour.

D'avoir accompli tout cela,
Tu nous ouvres la voie.

  


Tu nous dis avec douceur:

"N'ayez pas peur!

 Soyez dans l'amour,
 Acceptez tout cela".

Moi, j'ai peur.
La colère m'étouffe
Je perds pied trop souvent.

Mais je tiens bon.

Car toi, tu as fait tout cela
Pour que se répande l'amour,
Et la paix.

  


Tu as fait cela,
Tu as gravi ce sommet immense.

Alors, moi aussi
Je peux le faire.

  


Ce n'est pas tous les jours facile.

Mais je le ferai.
Je donnerai mon amour,
Comme tu as donné la tien.

À ma mesure.

Pour que vive le rêve
D'une Terre apaisée.

Pour donner mon rêve d'amour
À la Terre qui me porte.

  


Jérémie, 13 mai 2017

mardi 9 mai 2017

Sept tableaux: les émotions s'expriment


              SEPT  TABLEAUX   

LES  ÉMOTIONS  S'EXPRIMENT

    


    L'aquarelle traditionnelle japonaise fait des merveilles...
    Je mélange peu les couleurs, car je trouve ces teintes naturelles tellement belles et lumineuses.


  




    Cette aquarelle a une propension à diffuser comme une encre, créant des motifs nuageux que je laisse advenir avec plaisir.
    J'éprouve une réelle liberté avec ces couleurs vives et intenses. Il me suffit de les faire résonner ensemble.


   




    Les bouquets de fleurs sont un thème que j'apprécie beaucoup. Les fleurs sont issues de mon imagination. Le vase ne repose  bien souvent pas sur une table ou un support. Je préfère le laisser "en apesanteur".
    Les sublimes couleurs de l'aquarelle japonaise se prêtent particulièrement bien à ce sujet.

   Une fois de plus, peindre m'a apporté un apaisement, une sérénité.
   Au départ, je suis en effervescence, puis, peu à peu, je me pose.
   Je délivre ma passion, mon énergie de feu sur la feuille, et cela me libère.


  


    Peindre est une activité souveraine pour canaliser les émotions fortes ou envahissantes. Cette activité noble est couronnée d'un résultat qu'il est agréable de contempler.
    On peut être fier de soi.

    Je vous invite au voyage des couleurs, à travers ces quelques œuvres.






Jérémie 9 mai 2017

lundi 1 mai 2017

Chopin - Piano Concertos No.1&2 (reference recording : Arthur Rubinstein/Skrowaczewski/Wallenstein)

Chopin - Piano Concertos No.1&2 (reference recording : Arthur Rubinstein/Skrowaczewski/Wallenstein)


(Source youtube: Classical Music/ /Reference Recording)


Voici le disque, surtout le premier concerto, que j'écoute depuis mes plus jeunes années.

Je n'ai jamais trouvé d'autre enregistrement qui égale la poésie du jeu de Rubinstein.
On dirait qu'il a été touché par la grâce.

J'ai écouté ce concerto en mi mineur de si nombreuses fois dans ma vie, qu'il me semble faire partie intégrante de mon univers musical. Je connais chaque passage intimement.
À chaque instant je pourrais chanter ce qui suit.
Et pourtant, chaque nouvelle écoute représente le même bonheur, le même plaisir.
Cette musique me touche l'âme, d'une manière directe, ses inflexions profondément romantiques me plongent dans un pur ravissement.

Je voudrais vous faire partager à quel point le piano de Frédéric Chopin peut nous bouleverser.
C'est comme si tout dans cette musique venait parler à notre cœur de jeune femme, de jeune homme, afin de ne point oublier combien nos 20 ans ont été beaux et déchirants

   

Chopin - Ballade No. 4, Op. 52 (Rubinstein)

Chopin - Ballade No. 4, Op. 52 (Rubinstein)



(Source youtube: ClassicalScores)


   La quatrième Ballade, ma préférée, une œuvre accomplie, sublime.
L'immense pianiste Arthur Rubinstein en donne une merveilleuse interprétation, automnale, mélancolique et tragique.
   Regardez défiler la partition, et voyez la complexité extrême de ce chef-d'œuvre, et pourtant la musique coule, comme une évidence.
   À mesure qu'avance la partition, le drame s'élabore, jusqu'à la coda magistrale.
   Avec une parfaite maîtrise, Rubinstein confère à cette œuvre une noblesse, un élan, qui nous emmènent dans l'un des sommets de la musique romantique pour le piano.




Chopin, mon amour

     
 


      CHOPIN,  MON  AMOUR


     


    Chopin, tu as foulé le sol de cette Terre en un siècle baigné de musique et de violence.

    Tu étais frêle, un peu fragile, un peu trop sensible.
    Tu as longtemps cherché l'amour.

Tu as trouvé la vérité de ton chant.

     C'est le piano que tu as choisi pour nous faire tes confidences.
L'Instrument-roi. Tu l'as révolutionné,
tout simplement.

     



    Chopin, tes œuvres me bouleversent.
     Depuis ma plus tendre enfance, je les écoute, avec une admiration sans bornes. Tu as marqué mon adolescence, et le reste de ma vie.

    Quelqu'un a dit: pour bien jouer Chopin, il faut avoir 20 ans ou se souvenir qu'on les a eus.

    Aujourd'hui j'ai deux fois 20 ans, et ta musique me fait vibrer plus que jamais.

   C'est avec un cœur gonflé de passion, un cœur profondément amoureux, que tu composas tes deux concertos pour piano.
    À chaque fois que je les écoute, c'est le même émerveillement, la même grâce.

   


    Chopin, sur ta route, tu connus le succès, mais aussi le désespoir, la solitude.

    La mélancolie profonde de ton âme transparaît, sublimée, dans la plupart de tes œuvres.
    La brutalité, la force gratuite, la vaine virtuosité, étaient très éloignées de ton esthétique.
    Tu voulais faire chanter le piano, tu voulais te fondre dans l'esprit de Bach, de Mozart, que tu aimais tant.

    Tes mélodies sont proches de la voix humaine, tu aimais aller à l'opéra. Tu t'es inspiré de l'art vocal pour conférer à ces mélodies un naturel, une élégance sans pareille.
  
    





    Tes pièces tour à tour tristes, héroïques, désespérées, légères, tragiques, j'aurais aimé que tu me les joues.
    Que tu fasses chanter, pleurer ton piano, avec ce jeu inimitable qui fut le tien, délicat, sensible, et qui fascina tes contemporains.
    Cet art qui te fit prince à Varsovie, à Vienne et à Paris.

    Mais tu n'aimais guère donner des concerts. Ton style se prêtait à un cadre intime. D'ailleurs, c'est troublant, nous somme témoins de la lueur secrète de tes sentiments en écoutant ta musique.
   Tu partages avec tes auditeurs une intimité profonde, un soupir de ton âme passionnée...

   


    Oui, j'aurais aimé t'entendre, et même: être ton élève!

    J'aurais écouté religieusement tes indications, tes conseils. J'aurais observé comment tes mains se déplacent sur le clavier, avec souplesse et aisance.

     J'aurais été le témoin de ce chant miraculeux qui s'élève, porté par le velours de l'accompagnement.
    Car sans l'accompagnement de la main gauche, infiniment subtil, la mélodie, portée par la main droite, ne trouverait pas son chemin.

    Tu m'aurais enseigné le fameux rubato, qui fait de ta musique comme un frémissement du vent dans les feuillages.

    


    Tu m'aurais appris la musique.

    Mais ton temps n'est pas le mien.

    


    Il nous reste de toi l'essentiel: les partitions, d'une incroyable perfection.

    Les Polonaises, les Mazurkas, célèbrent la Pologne. Tu appris son invasion par les Russes avec un profond désespoir, qui ne devait plus te quitter.
    Jamais tu ne retourneras dans ta patrie, ta Pologne natale, que l'on retrouve dans chaque inflexion, chaque accent de ton œuvre.

   


    Tu tombas amoureux de la femme la plus célèbre de France. Georges Sand, écrivain majeur, s'habillant comme un homme, un très fort tempérament.
     Et toi, le délicat et fluet musicien.
     Deux très grands esprits, certainement.

     Cette relation te rendit heureux, d'une certaine manière.

     Les mois d'été à Nohant, au milieu d'une campagne merveilleuse, te permirent de composer abondamment.
    Tes œuvres deviennent plus complexes, les chefs-d'œuvre se succèdent. Les Ballades, les sonates, poèmes exaltés, portent ton art au sommet.

  


   Mais ta santé devient de plus en plus fragile. La tuberculose poursuit sa progression dans ton corps épuisé.

   Les disputes avec Gorges Sand prennent de l'ampleur.
   Vous vous séparez.

   Désormais, Tu es seul.

    





    Comment te dire, si cher Chopin, combien ta musique me parle.
    Chacune de tes pièces est une confidence, un cri. Une rose offerte au silence.

     Ta musique enthousiasme  désormais les mélomanes du monde entier. Elle s'est répandue telle un baume sur les cœurs meurtris.
     Elle est devenue ce qu'elle ne pouvait que devenir: universelle.

    Dans les salles de concert du monde entier, elle continue d'être jouée. Elle apporte la beauté, l'émotion, la pure joie du cœur.

   


    Tu mourus à 39 ans.

     Laissant au monde l'œuvre de ta vie. Celle de l'un des plus grands compositeurs ayant jamais existé.

   Alors, cher Chopin, mon ami, mon amour, je voudrais de dire merci.

   Tu as touché mon âme à jamais.
Tu m'émeus aux larmes.

    Je t'emporte avec moi, dans le secret du meilleur de mon être.

   


    Tu embellis ma vie, ainsi que celle de tous ceux qui trouvent dans ta musique une halte, une raison d'espérer.

   


Jérémie, le 1er mai 2017