La peinture naïve: un plongeon salutaire dans l'enfance.
Voici l'une des œuvres maîtresses d'une amie de toujours, avec qui j'ai appris à ne plus juger les œuvres picturales.
Totalement novice, tout comme moi, elle s'est tournée involontairement vers la peinture dite "naïve". Actuellement, elle étudie le dessin.
Loin d'être un genre mineur, l'art naïf est à mon sens la quintessence de la peinture, et son aboutissement le plus étonnant. Ne fait pas de la peinture naïve qui veut. Il faut avoir gardé son âme d'enfant, ce que tant de gens oublient.
Suzel Ducoup est infirmière dans un service de pointe. Son parcours atypique la place parmi les pionnières dans la redécouverte du plaisir de peindre en totale confiance. Guidée par un instinct sûr, un imaginaire aussi sensible que foisonnant, un apprentissage patient de la confiance en soi, elle a évolué parallèlement à moi dans son style. Nous nous sommes motivés mutuellement par le biais d'une entente tacite: ne pas juger le travail de l'autre, ni sur la forme ni sur le fond. Ainsi, nous avons progressé, à chacun notre rythme. Notre relation fondée sur le respect et l'intégrité à été décisive dans cette lente maturation.
Son style déjà bien affirmé, elle l'a installé grâce aux pastels à l'huile.
Mais ce tableau est sa première œuvre peinte grâce aux infinies nuances propres à la peinture acrylique.
Une vision de l'enfance merveilleuse, préservée, onirique, une grande harmonie entre les couleurs, un sens inné de la simplicité, de la joie, une profondeur qu'on ne décèle qu'au deuxième regard, sont parmi les nombreuses caractéristiques de son œuvre.
Malgré un emploi du temps chargé, nous nous épargnons depuis quelques années un temps précieux pour peindre en plein air, à Strasbourg. Notre amitié de plus de quinze ans s'en trouve à chaque fois approfondie.
Suzel Ducoup, nous donne une nouvelle vision des arbres, qu'elle intègre dans une grande part de sa production. Un arbre doux, accueillant, moutonnant, d'une simplicité désarmante. Un arbre consolateur.
Peint sur un banc de la Place de la République, par un printemps radieux, ce tableau est une libre interprétation d'un sublime magnolia en fleurs, car les magnolias sont toujours sublimes, et leur floraison tellement éphémère.
Posé sur un gazon piqueté de pâquerettes, ce tableau prend vie, dans une symbiose parfaite entre les pâquerettes, fleur la plus humble qui soit, et cette vision faussement naïve du bonheur.
Être naïf, c'est être resté pur dans l'âme. L'œuvre magistrale du Douanier Rousseau en témoigne.
Si tout le monde se mettait à peindre dehors en toute liberté, nous serions au Paradis...
Jérémie, 30 octobre 2015