mercredi 8 février 2017

De porphyre et d'ébène


DE  PORPHYRE          ET  D'ÉBÈNE


  

BARBARA, une Voix




 Du fond de mes rêves, juste avant l'aube blême, c'est ta voix qui me parvient, Barbara.

 Ta voix suspendue à mes horizons de tristesse, ta voix qui me touche, jusqu'au fond de l'âme, ta voix qui me laisse bouleversé de souffrance et d'amour.




   Tu sais la vie mieux que nous: vivre en perpétuel naufrage, et rechercher, fébrile, le rivage qui s'éloigne.

  Ta vie a chaviré si vite, si complètement. La mort a toujours été à tes trousses, tu la tutoies, tu la vouvoies, elle t'embrasse de son baiser de fiel.
 Tu la nargues par mille chansons poétiques.



 Ta voix se glisse sur mon cœur, y pénètre, là où ça fait mal.
 Ton piano s'insinue doucement, à pas de velours, comme des cloches dans le silence.



  Ton hiver est mon hiver. La morsure du gel affole les fantaisies du givre.

  Tes mots, tu les chantes comme des étoiles de givre, tellement justes à leur place.

 

  Tu es la seule à chanter comme ça, seule, en face à face, à nous éclabousser l'âme, à faire naître du désespoir des fleurs éblouies!

   Tu nous fait pleurer.

   C'est bon de pleurer nos chagrins, une seule chanson de toi en éveille jusqu'au faîte de la nuit.

 

   Et ton Aigle Noir, que j'ai toujours chanté comme un cri, quand ma vie m'étouffait, je le veux comme un appel à la Liberté. À chaque fois les gens autour de moi l'entonnent, comme une fervente prière.

   L'Aigle Noir, la Chanson des chansons, le Sphinx, le Cygne.

 

  Ta force, donne-moi un peu de ta force incroyable, je n'en ai plus...
Donne-moi ta force d'être restée celle que tu es, intacte.
  Donne-moi la force d'être moi.

 

 Tes chansons me déchirent, secrètement, et à la fois me donnent vie. Elles redonnent des couleurs à ma vie quand celle-ci n'en a plus guère...

 C'est ainsi, ta voix sublime est celle de ceux qui n'ont plus de voix, les exténués du malheur, ceux qui ont su garder les yeux ouverts.
  

 Barbara, ta voix prend naissance quelque part entre gris et grège, puis la voilà traversée de fulgurances, de rouges et de bistre....elle devient inoubliable.

 Je connais, comme toi, ces marées occultes qui noient l'âme, ces trop-pleins qui blessent, ce vide qui m'assomme.

 Je ne connais que trop bien la douleur, fais-moi rire, aussi, fais-moi danser!
 Tu savais rire! Tu savais danser la vie!





 Ta voix, Barbara, même abîmée, même saccagée, m'émeut jusqu'au bout, jusqu'à la fin de mes larmes.

  

           Ta voix m'a fait naître à      l'existence.

   

Jérémie, le 6 février 2017

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