Qu'est-ce qui est important dans la vie?
Dans notre société de surabondance pour les uns, et de pauvreté pour les autres, nous perdons souvent de vue ce qui est réellement important.
Nous croyons que la vie dure toujours. Nous croyons que nos proches sont éternels.
Quand un être cher disparaît, nous vivons cela comme une tragédie.
Avons-nous pensé que ceux que nous aimons vont un jour partir?
Qu'il est temps de montrer notre affection lorsqu'ils sont encore avec nous?
Le vie ne tient qu'à un fil.
Dans les pays très pauvres ou en guerre, cela est très perceptible.
La violence est telle dans certains endroits du globe, que les gens risquent leur vie à tout moment.
Ce doit être terrible de vivre la peur au ventre...
Quand nous voyons un passant dans la rue, nous sommes tenté de le juger: son allure, ses vêtements, l'expression du visage.
Mais nous rendons-nous compte que cet femme, cet homme partage quelque chose de commun avec nous: son humanité.
La vie est dure, que savons-nous de ce que la personne que nous croisons est en train de vivre, de ce qu'elle porte comme fardeau?
On entend souvent dire que nous avons de la chance de vivre dans un pays développé, que nous avons tout ce qu'il nous faut.
Et par bien des aspects, cela est vrai.
Mais nous supportons le poids de ce que les sociétés aisées nous font porter: il faut se loger, les loyers sont souvent exorbitants. Il faut avoir un emploi. Ceci est une priorité qui cause bien du souci.
La nourriture se trouve en profusion, mais elle est de plus en plus chère.
Sans compter les transports bondés, le stress quotidien...
Les factures que tout citoyen est amené à payer sont nombreuses.
Cette angoisse de ne pas pouvoir payer ses factures et son loyer hante beaucoup de gens.
Nous avons tout, mais nous sommes seuls.
Arriver dans une grande ville où l'on ne connaît personne peut aggraver la solitude. On n'est nulle par plus seul que dans la foule des très grandes villes.
C'est assez étrange de réaliser qu'on croise journellement des milliers de gens et qu'on a en fait rencontré personne.
Bien sûr, on ne va pas se mettre à dire bonjour à tout le monde. Mais le fait est qu'habitant dans une ville, nous sommes des étrangers les uns pour les autres.
C'est parfois tellement bienfaisant quand quelqu'un nous dit un mot gentil, nous offre un sourire...
De toutes petites choses, mais qui mettent du baume au cœur.
Je crois que la vie est très dure, où qu'on habite, à la ville ou à la campagne, dans un pays riche ou un pays pauvre.
N'oublions pas qu'en tant qu'être humain, nous sommes amené à vivre de douloureuses épreuves, qui sont des étapes, des initiations, en quelque sorte.
La naissance, déjà! Et même la vie intra-utérine.
L'enfance, jalonnée de chagrins, et de comportements qui nous font violence.
L'adolescence, terrible épreuve. Certains n'en sont pas revenus.
Le mal-être, le corps que l'on aime guère et qui se transforme, la mélancolie, les crises de rage, la pression scolaire, les premières amours flamboyantes mais qui mettent à nu.
Quoi faire plus tard?
Quelles études?
Comment s'émanciper des parents quand on habite encore chez eux?
Le groupe dans lequel on se retrouve, mais duquel on peut aussi être exclu.
Internet et ses pièges mortels...
L'âge adulte: vouloir fonder un foyer, trouver l'âme-sœur, les enfants qui arrivent: les bobos, les petites et grandes misères, la responsabilité croissante, les ennuis financiers...
Les accidents de la vie: ruptures, pertes, deuils, maladies, handicaps...
Le corps qui vieillit.
L'âge d'être grands-parents, les joies, les conflits avec ses enfants ou ses petits-enfant.
La perte du partenaire de vie.
La solitude.
Les épreuves de la vieillesse.
La peur de vieillir.
La peur de mourir.
C'est étonnant de voir des gens dire: tout va bien pour moi, je n'ai jamais eu d'ennuis.
Nous sommes nombreux à nier les difficultés de la vie, de notre enfance et de notre propre histoire.
Je ne dis pas qu'il faut se complaire dans nos souffrances actuelles ou passées, mais il est important un jour ou l'autre d'admettre qu'en tant que personne humaine, nous souffrons autant que nous apprenons.
Admettre la réalité pour ne pas rester superficiel. Pour arrêter de vivre dans les illusions.
La philosophie du New-Age a comme principal défaut de nous faire croire qu'il faut à tout prix être positif et s'extasier à longueur de journée des merveilles de la vie.
Oui la vie peut être merveilleuse!
Mais croire qu'en aplanissant toutes les bosses, en arrondissant tous les angles, nous allons enfin vivre le bonheur, est une grande erreur.
Je lis de nombreux textes, sur le net ou dans des livres, et parfois je suis très agacé quand l'auteur gomme toutes les difficultés, et surtout impose à ses lecteurs des recettes toutes faites qu'il est en réalité impossible à appliquer.
Il ne faut pas se mettre en colère, avoir de la rancœur, cultiver des "mauvais sentiments", il faut aimer les autres, être disponible à toute heure....
Il faut être joyeux, positif, se nourrir de telle ou telle façon, méditer tous les jours, recevoir les "messages des anges", être un exemple pour les autres...la liste est longue!
Cela me semble être aux antipodes d'une véritable démarche spirituelle.
Comment pouvons-nous progresser si d'abord nous n'admettons pas la racine de nos problèmes, si nous ne nous penchons pas avec amour et compassion sur tout ce qui nous a blessé, et nous fait souffrir?
Il n'est pas "mal" ou "peu spirituel" d'éprouver de la colère, de la tristesse, du dégoût, de l'envie, de la haine, même!
C'est profondément humain.
Nous sommes venus pour expérimenter ces émotions, car elles nous font grandir.
Comment vouloir progresser et aller vers des émotions positives, si nous nous empressons de mettre tout ce qui semble négatif dans un placard fermé à double-tour?
Oui, c'est douloureux d'admettre notre humanité fragile et imparfaite.
Mais c'est le préalable à toute tentative de vouloir s'améliorer.
La vie nous tend des perches régulièrement pour prendre conscience de tout ce qui ne va pas et doit être abandonné.
Ne croyez pas que tout devient facile une fois pour toute.
Quand nous allons bien, nous sommes tentés de croire que nous sommes devenus presque invincibles, que plus rien ne peut nous atteindre.
Mais quand l'épreuve vient nous toucher, nous voilà à nouveau démunis, vulnérables...
La vie nous renverse à nouveau.
Elle nous met à genoux.
Au cours de notre vie, nous vivons de grands cycles.
Heureusement, il y a des périodes douces et pleines de bonheur.
Mais il y a aussi des cycles d'une grande force qui nous désarçonnent.
Nous sommes nus, à vif.
L'angoisse nous étreint.
Face à la détresse, nous sommes amenés à laisser aller des choses qui ne nous conviennent plus, des croyances, des certitudes.
Nous rompons avec des amis, nous en rencontrons d'autres.
L'espoir revient peu à peu.
Nous sommes lavés, purifiés par les grands orages.
C'est la renaissance.
Et c'est alors que nous découvrons le cadeau de tout cela.
L'épreuve nous a fait GRANDIR!
Nous ne sommes plus tout à fait le même.
Nous sommes devenus un peu plus sage, un peu plus fiable.
Nous retrouvons la douceur des jours, nous nous baignons dans une eau nouvelle.
Nous sommes comme un enfant qui redécouvre le monde!
Jérémie, le 9 juin 2017