dimanche 25 juin 2017

La liberté, à la fois morsure et caresse


  LA  LIBERTÉ,  À  LA  FOIS
           MORSURE
                 ET  CARESSE

   

Nulle âme
Ne se faufile
Dans le courant facile.

À moi, il m'est tellement
Demandé!

Je ne soutiens presque pas
Les épreuves quotidiennes.

Et pourtant la Poésie
De la vie
Me frappe à chaque instant.

   

Au milieu du désespoir
Surgit soudain une fleur,
Un sourire.
Ou ce balcon fleuri,
Comme hier,
Qui me fit la grâce
D'un moment suspendu
Entre deux supplices.

Il ne me reste rien.
Les dernières illusions
Se sont dissoutes.

Il ne me reste que l'amour.

   

Il ne me reste
Que de la poésie,
Qui roule dans ma main
Comme un Or liquide.

Il me reste l'immensité à gravir,
Comme on monte une échelle,
Vers un Ciel vaste et pur.

Tout ce à quoi je croyais
S'est effondré,
Comme un château de cartes
Par trop présomptueux.

Il ne me reste rien.

   

Je croyais l'amour éternel,
Sans tâche.
Je croyais aux anges!
Je croyais à l'âme.

Tout m'a été retiré.

Il faut qu'en moi
Je me plonge,
Que j'y puise les toutes dernières
Forces,
Pour avoir le courage d'avancer.

  

Et, paradoxe étrange:
La vie me semble encore plus belle...

Je sens mon pas se poser
Comme une lourde caresse
Sur le sol qui m'accueille.

Je sens le chaud de l'air
M'envelopper avec
D'infinies douceurs.

Je sens qu'un arbre est un arbre,
Une fleur est une fleur.
Je sens vibrer dans l'air
Le chant de la Lumière.

Tout est doux et nouveau.

 
  

C'est comme si l'on
Avait coupé tous les fils
Qui me reliaient à cette
Marionnette étrange,
Un pas en avant,
Un pas en arrière.

Je suis libre, étrangement,
Et cela me donne un vertige,
Une ivresse qui ne serait
À rien comparable.

Une ivresse singulière,
Comme si la peur
S'était évanouie,
En même temps que mes repères
Bien trop rassurants.

  

Je suis comme nu,
Baignant dans un
Parfum étrange.

Que me reste-t-il
Du monde d'avant?

Je voulais tant que
Tout soit comme je le rêve.
Que tout paraisse s'expliquer.
Que les rouages me soient
Familiers.

  

Et bien non, rien ne se fige.
Le monde garde son mystère,
Plus on veut l'apprivoiser,
Plus il s'épaissit.

Nous voulons toujours
Que le réel nous rassure,
Qu'il appuie nos rêves
Et nos chimères.

Mais la vie ne se laisse
Pas apprivoiser.

Le vie est sauvage
Comme une mer.

  

Désormais je vais seul.

Toutes mes certitudes,
Comme un brouillard
De septembre,
Se sont évanouies.

Les bribes de ma vie,
Auxquelles je croyais fermement,
Se sont dispersées
En un essaim apeuré.

  

La tempête
m'a fait orphelin.

Mais je reçois maintenant
Un souffle, un abandon,
Tiède et bon
Comme une promesse.

C'est comme une musique,
Une faim.

Un rêve du matin.

LA  LIBERTÉ.

   

Jérémie, le 23 juin 1017

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