mardi 8 mai 2018

Un bouquet de poèmes

          UN  BOUQUET  DE  POÈMES





Écrits il y a bien des années...

 


                    S'ENVOLER

  


S'envoler dans l'Azur,
Pour naître à demain,
Sans tache,
Sans peur.


Se glisser dans la brume,
Ne faire qu'un
Avec le Soleil.


Il y a des nuits sans fin.
Il y a l'éternité à ta porte.



          Il fait jour.




                  Jérémie 
  



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               DÉCLIN  AMOUREUX




Je suis déchiré d'amour, 
j'affabule,
je déambule, 
sur les sentiers du Jardin Secret
où jadis naquit 
          le Printemps des Délices.



Il pleut doucement 
sur les Magnolias en fleur,
et, comme autrefois, 
l'ardeur câline des braises qui s'affalent
           sur le chemin
serrent mon cœur d'une étreinte languide.



J'ai aimé, avec feu,
j'ai pleuré, avec amertume,
j'ai songé, avec ivresse,
aux matins éternels.
Puis, jusqu'au soir,
je me suis promené
parmi les acacias remplis 
             de sèves douceâtres.



Ah! Qu'elle est poignante,
la pâleur amoureuse!
Comme elle aimante
notre bouche à baisers,
Insouciante, qui court à sa perte!



Je rêve, comme en ces temps-là,
avide des caresses tièdes,
et des touches d'ambre et d'ivoire,
des écorces ligneuses,
des grands platanes endormis.



Et je me meurs en ces 
                      litières fades,
où mes râles deviennent clameurs,
où l'âme s'élève,
à travers le feuillage fou
des Ormes mensongers.



      Ah! Comme j'aime
       la vie qui s'achève,
       sur les nappes oblongues 
       du lac céleste
       où se baignent, sages,

              les nymphes mauves et blanches...



     Jérémie 

   



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                       NEIGE

   


Neige.
le vent.
bleu.



la vie se lasse.
froid.
caresse triste.



Comme un baiser volé.
rudesse.
temps étiré.



Noir.
Âme dans la tourmente.
glaces.


décembre.
la fin.
Neige.




                         Jérémie 

   


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                 PAIX  DU  SOIR


    




La fleur qui se ferme,
délicatement,
laisse son envoûtant parfum s'élever
dans le soir qui meurt.

Ici, l'atmosphère est sereine.
Il est comme une heureuse paix.

Il est l'heure du grand repos,
là, dans cette joie des finitudes acceptées.
Le temps s'immobilise dans la lumière,
qui, peu à peu, se lasse.

Qu'il est doux, le calme du crépuscule,
quand cesse l'ardeur,
quand meurt, un peu, l'astre du jour,
quand la nature, peu à peu,
s'éveille à la nuit.

Tout a déjà cessé d'être important,
tout s'apaise,
les oiseaux se taisent.

Comme une immense voilure,
la voûte céleste se drape de magie.

La brise se lève.
Quelque chose a changé,
là, au creux de la terre.

Les pulsations se font plus lentes.
Ah! Que la nuit est belle,
quand elle se profile, 
en conclusion du jour glorieux,
quand tout l'amour du monde
vêt la robe moirée
du rêve
et de la beauté!

Quand il est l'heure sacrée
des muses et des fées!
Quand un peu de la violence
a cessé d'exister!


     Alors, mue par un désir ineffable,
     elle s'endort, la fleur.
     Et son lourd parfum
     devient souvenir...





             Jérémie, année 2004

   


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ÊTRE  SOI




Il y a tant de bonheur,
À ne pas être,
À être juste...    Soi.



Il y a tant d'ardeur,
À ployer pour mieux se briser,
Et se donner au monde.



Quand tout sera vide,
Ton cœur, ton âme, ta Vie,
Tu pourras contenir l'Essentiel.



L'Essentiel est peu de choses:
C'est un cortège de trois mots.
Amour, Joie, Abandon.





       Jérémie,  2014


   



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                     SANS  BRUIT




Sans bruit
va la vie qui finit,
va la fin du bonheur.



Sans heurt
glisse la couleuvre de l'ennui,
fuit le mordant de bien vivre.



Sans toi
j'erre avec peine,
sur le sentier, seul et las.



Sans lenteur
je perds l'espoir
du soir qui apporte la douceur.



Sans gémir
sans frémir,
je quitte la vie en couleur
pour un ailleurs terne et gris.



Sans bruit
va la vie,
s'en va, c'est fini.





           Jérémie
  


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    À cette époque, j'écrivais les poèmes d'un trait, sans aucune rature ou presque. 

      À les relire aujourd'hui, je note qu'ils sont spontanés, il y a un élan irrépressible dans l'écriture, une passion désespérée, que j'ai perdue aujourd'hui.
   


      Ces poèmes étaient ce que mon âme me dictait, il n'y avait aucune censure, aucun contrôle. Les mots venaient comme un flot ininterrompu.

       Il n'y avait pas de volonté d'être "positif", ou "spirituel". 
   Il y avait une sincérité, un engagement total.

      



     Je me demande si, dans une certaine mesure, ces poèmes de jeunesse ne sont pas meilleurs que ce que j'ai écrit par la suite.

       Il est sûr qu'ils sont inégaux. Mais la sincérité de celui qui souffre, et qui trouve dans l'écriture un exutoire, une manière de dire ses émotions avec la plus grande urgence, cette sincérité était juste.


    En relisant tout cela, je suis plus proche du jeune homme tourmenté que j'étais alors.



        Peut-être, comme on me l'a suggéré, ces poèmes trouveront-ils une résonance auprès des personnes qui vivent les mêmes sentiments, les mêmes douleurs et les mêmes rêves.
  


        Alors il n'aura pas été inutile de les écrire.

     


Jérémie, le 8 mai 2018




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