mercredi 24 octobre 2018

L'impossible chant de l'automne

        L'IMPOSSIBLE  CHANT
          DE L'AUTOMNE









"Je ne sais pas où va mon chemin mais je marche mieux quand ma main serre la tienne."
Alfred de Musset







"Quand on aime quelqu'un,on a toujours quelque chose à lui dire ou à lui écrire, jusqu'à la fin des temps."

Christian Bobin







L'automne est arrivé, tout doucement.
Il s'est fait peintre, les arbres 
      en témoignent.

Il a habillé les forêts, de rouge, de jaune,
      d'ocre et de vermeil.

Il s'est fait reconnaître,
par ses odeurs de mousse,
      de pluies douces
      et de lichen.







Jamais il n'est le même;
c'est un artiste fécond,
un enchanteur vagabond.

Quelle symphonie, quel éclat!

Sa grâce frileuse
a créé des matins qui frissonnent.
La brume en écharpes
façonne des paysages songeurs.

 





L'automne offre ses largesses:
les vergers sont lourds de pommes.
Les coings dodus rayonnent.
      L'âcre noyer ne sait plus 
      vers où répandre sa joie.

 





Il est l'heure de pleurer, parfois,
d'être un peu triste.

La mélancolie douce de l'automne!

Elle nous prend,
nous étreint,
nous serre le cœur.

 





Je me souviens 
de notre premier automne.

Douze années se sont écoulées...

Déjà je t'adorais.
Déjà je t'aimais.







Je t'aimais comme on aime au début:
bien mal!

On connaît si peu de l'autre.
On a ses blessures.
       On revient de loin...

 






Oh, je voudrais revivre 
toutes ces années,
et t'aimer mieux!

Je voudrais 
ne jamais t'avoir manqué d'attention,
ne jamais t'avoir dit des mots
         si durs.

T'avoir compris bien mieux,
t'avoir entouré, davantage.

T'avoir aimé comme aujourd'hui je t'aime.

 





Car aujourd'hui je t'aime 
comme on aime après les batailles,
après les déserts traversés.

je t'aime enfin,
       comme j'aurais voulu t'aimer
       à chaque instant.







Mais il a fallu en verser,
         des larmes,
pour comprendre 
que l'amour est comme un chant
que l'on fait monter vers le ciel.

Il est difficile,
il faut des années pour le savoir,
pour le chanter vraiment bien...

Mais quand je l'entonne,
Ma voix est mal assurée,
J'ai peur qu'elle ne se dérobe,
         qu'elle ne trahisse une maladresse...

J'ai bien peur 
qu'on ne sache jamais le chanter,
ce chant d'amour, que pourtant 
je sens vivre en moi
         plus beau, plus sincère 
         que jamais.

       





Peux-être que la nostalgie poignante 
de l'automne, 
veut m'enseigner une chose
                 ténue, un souffle:

Les regrets sont là,
comme de vives morsures.
Ils reviennent en cortège,
Ils voudraient me faire croire
que le temps jamais 
ne les efface.

Mais c'est toi qui me le dis
                      chaque jour,
toi qui me dis ces mots bouleversants,
                  ces mots qui me chavirent:

 





Tu ne m'en veux pas. 

Tu sais mes errances.
Tu sais mes souffrances.

Toi non plus tu ne m'as pas aimé
comme tu aurais voulu.

Toi aussi tu le regrettes.

C'est ainsi.
C'est du passé.

 





Alors, mon cœur heureux,
soulagé,
S'envole vers les matins frais
                        d'un premier automne.

Une seule chose demeure:
Je désire garder ta main dans la mienne,
           pour tous les automnes 
qu'il nous reste à vivre,
et pour l'éternité 
           de ce bonheur inouï.

 





À toi pour qui je donnerais 
toute ma vie, toi qui es
toutes les saisons 
de ma vie.








Jérémie, le 22 octobre 2018


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