L'IMPOSSIBLE CHANT
DE L'AUTOMNE
"Je ne sais pas où va mon chemin mais je marche mieux quand ma main serre la tienne."
Alfred de Musset
"Quand on aime quelqu'un,on a toujours quelque chose à lui dire ou à lui écrire, jusqu'à la fin des temps."
Christian Bobin
L'automne est arrivé, tout doucement.
Il s'est fait peintre, les arbres
en témoignent.
Il a habillé les forêts, de rouge, de jaune,
d'ocre et de vermeil.
Il s'est fait reconnaître,
par ses odeurs de mousse,
de pluies douces
et de lichen.
Jamais il n'est le même;
c'est un artiste fécond,
un enchanteur vagabond.
Quelle symphonie, quel éclat!
Sa grâce frileuse
a créé des matins qui frissonnent.
La brume en écharpes
façonne des paysages songeurs.
L'automne offre ses largesses:
les vergers sont lourds de pommes.
Les coings dodus rayonnent.
L'âcre noyer ne sait plus
vers où répandre sa joie.
Il est l'heure de pleurer, parfois,
d'être un peu triste.
La mélancolie douce de l'automne!
Elle nous prend,
nous étreint,
nous serre le cœur.
Je me souviens
de notre premier automne.
Douze années se sont écoulées...
Déjà je t'adorais.
Déjà je t'aimais.
Je t'aimais comme on aime au début:
bien mal!
On connaît si peu de l'autre.
On a ses blessures.
On revient de loin...
Oh, je voudrais revivre
toutes ces années,
et t'aimer mieux!
Je voudrais
ne jamais t'avoir manqué d'attention,
ne jamais t'avoir dit des mots
si durs.
T'avoir compris bien mieux,
t'avoir entouré, davantage.
T'avoir aimé comme aujourd'hui je t'aime.
Car aujourd'hui je t'aime
comme on aime après les batailles,
après les déserts traversés.
je t'aime enfin,
comme j'aurais voulu t'aimer
à chaque instant.
Mais il a fallu en verser,
des larmes,
pour comprendre
que l'amour est comme un chant
que l'on fait monter vers le ciel.
Il est difficile,
il faut des années pour le savoir,
pour le chanter vraiment bien...
Mais quand je l'entonne,
Ma voix est mal assurée,
J'ai peur qu'elle ne se dérobe,
qu'elle ne trahisse une maladresse...
J'ai bien peur
qu'on ne sache jamais le chanter,
ce chant d'amour, que pourtant
je sens vivre en moi
plus beau, plus sincère
que jamais.
de l'automne,
veut m'enseigner une chose
ténue, un souffle:
Les regrets sont là,
comme de vives morsures.
Ils reviennent en cortège,
Ils voudraient me faire croire
que le temps jamais
ne les efface.
Mais c'est toi qui me le dis
chaque jour,
toi qui me dis ces mots bouleversants,
ces mots qui me chavirent:
Tu ne m'en veux pas.
Tu sais mes errances.
Tu sais mes souffrances.
Toi non plus tu ne m'as pas aimé
comme tu aurais voulu.
Toi aussi tu le regrettes.
C'est ainsi.
C'est du passé.
Alors, mon cœur heureux,
soulagé,
S'envole vers les matins frais
d'un premier automne.
Une seule chose demeure:
Je désire garder ta main dans la mienne,
pour tous les automnes
qu'il nous reste à vivre,
et pour l'éternité
de ce bonheur inouï.
À toi pour qui je donnerais
toute ma vie, toi qui es
toutes les saisons
de ma vie.
Jérémie, le 22 octobre 2018
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