lundi 8 février 2016

Jacqueline du Pré: le violoncelle au sommet


Jacqueline du Pré: le violoncelle au sommet




       La violoncelliste anglaise Jacqueline du Pré fut à mon sens le plus bouleversant talent musical du 20ème siècle. Cette jeune femme, si belle, si spontanée, qui épousa Daniel Barenboïm, représente tout ce que la passion, la jeunesse, peut offrir à la musique. Elle était excessive, d'après certains, mais tant d'amoureux de la musique y ont décelé une force énorme, un besoin de faire surgir de son âme ce chant sublime, déchirant, du violoncelle.
       Alors qu'elle était au faîte de sa carrière, à 25 ans, les premiers signes de la maladie commencèrent à se déclarer. Elle était atteinte de sclérose en plaques.
        Elle, l'oiseau du bonheur, qui savait exprimer tout son être à travers  les accents du violoncelle, allait être privée de son chant, de cet art qu'elle avait porté au sommet.
        Elle mourut quelques longues années après, expérimentant dans sa chair les affres de la maladie, et de ce deuil impossible d'avoir dû déposer définitivement son instrument.

      Que retenir de Jacqueline du Pré, de cette comète qui traversa le monde musical des années 60-70?
        Peut-être une chose: sa joie de vivre, elle aimait profondément la vie, et la musique. Elle était jeune, séduisante, rayonnante.
        Pour prendre la mesure de son génie, il nous reste tous ses enregistrements.
        Le concerto d'Elgar, dont elle donna une interprétation tellement extraordinaire qu'il resta définitivement associé à elle.
Un cri de désespoir, de joie sauvage, un élan vers l'absolu, un poème qui nous tire les larmes.
          Le concerto de Schumann, auquel elle donna une voix, la sienne, car Jacqueline du Pré faisait chanter son instrument comme personne. Écoutez le deuxième mouvement, et sa mélodie bouleversante, qui nous transporte vers la grâce.
        Et tant d'autres disques, témoignage d'une époque où l'on pouvait vivre autrement que dans un stress continu, avec le portable qui nous rappelle à l'ordre, nos dizaines de rendez-vous, etc.

      Jacqueline du Pré n'était pas seulement une violoncelliste hors de commun, elle est restée dans le cœur de ceux qui l'aime, cette musicienne profondément sincère et authentique. Ses interprétations nous touchent au plus vif. Je ne connais aucun autre musicien qui ait su à ce point retraduire la richesse et la variété des émotions humaines.
      Son destin tragique n'a pas éclipsé la divine musicienne qu'elle est et restera à jamais.

     Remercions-la d'avoir été elle-même. Son art de l'interprétation inspire tous les musiciens qui sont sensibles à la musique comme une expression de l'âme, et non comme une foire aux concours.
      La musique contient en elle-même tant de trésors! Faire chanter un instrument pour l'élever plus haut encore que la voix humaine devrait être le but ultime de tout instrumentiste.
      Réécoutons les disques de cette femme exceptionnelle, et prenons une leçon de musique.
       Une leçon de musique, une leçon de vie.


  Jérémie, 5 février 2016


Jacqueline du Pre - Kol nidrei (orchestral version)
        Source: Youtube-Sumiregusa23



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