dimanche 24 avril 2016

La musique de Jean-Sébastien Bach



LA  MUSIQUE  DE
          JEAN-SÉBASTIEN  BACH:


      Plus belle que le silence...







     La musique de Jean-Sébastien
Bach, plus que toute autre, est la musique des sphères, la musique de Dieu.
     Pourvue d'une forte armature rythmique, elle avance inexorablement, avec une régularité sans faille.
     Par ce fait même, elle est profondément reposante, elle n'éveille pas d'émotions extrêmes. Elle est avant tout une musique spirituelle.







      D'une complexité architecturale impressionnante, ses compositions font l'admiration de ceux qui les étudient. La musique du Cantor de Leipzig est absolument parfaite.
       Mais cette science de la composition ne dessert jamais la pureté musicale et la beauté mélodique.



        Bach, ce sont des paysages, des danses, des fugues magistrales.
       On a parlé de "divine tricoteuse" pour décrire la régularité totale et indispensable de toutes ses compositions.
       Cette rigueur au niveau de la mesure permet justement que s'élève la mélodie, infiniment variée, sans que jamais l'ensemble ne perde de sa cohésion. Cette manière de créer à l'infini à l'intérieur d'un cadre, et d'une forme très stricte, et codifiée, est fascinante.
       Une réflexion sur la Liberté, qui ne prend sens qu'à l'intérieur de certaines règles.







      Contrairement à la musique romantique, qui s'épanche longuement en émotions violentes et contradictoires, la musique de Bach reste impeccablement maintenue dans ce cadre de rigueur, et pourtant il s'en dégage de sublimes émotions. Mais ce sont des émotions désincarnées, en quelque sorte.
L'impudeur exaltée des romantiques, fait place ici à une sublimation de l'humain, qui se trouve projeté dans le monde spirituel.



     La musique de Bach, pour une bonne part, est dite religieuse, mais j'y vois bien autre chose.
     Une aspiration à la paix, à l'ordre, à la beauté.
     Un hymne mesuré à l'âme humaine, incarnée dans ce corps souffrant, qui lui fait connaître la joie, mais aussi la douleur.



     Bach, à travers ses deux Passions, nous montre ce que fut la vie du Christ. Il nous en donne une lecture qui parle à notre cœur.
      Dans la Passion selon St Matthieu, l'air "Erbarme Dich", l'un des plus beaux morceaux de Bach, et de la musique occidentale, me touche profondément.
       "Prends pitié de nous". Ce n'est pas une quelconque commisération, dont il est question, c'est un appel déchirant à la compassion. Une prière, pour que Dieu se penche sur notre souffrance d'être vivant sur cette Terre, avec nos fragilités, nos peines immenses, mais aussi cette force incroyable que nous trouvons en nous pour continuer la lutte, et nous relever à chaque fois.







     Que nous apprend la musique de Bach sur la condition humaine, celle que nous partageons avec nos compagnons de route, quels qu'ils soient?
      Peut-être la densité de ce mystère. Celui d'être en vie. Celui d'un compositeur qui travailla toute sa vie pour écrire cette œuvre colossale, qui inspira toute la musique qui allait suivre. À la confluence du baroque et du romantisme, sa musique est en réalité inclassable, car elle a jailli de sa plume, dépassant tous les modèles antérieurs, pour devenir un langage universel.







    Comment un seul homme a-t-il pu
réunir assez de force et d'énergie pour réaliser cette œuvre profondément géniale et inspirée.
    Certainement a-t-il aussi douté, parfois.
     Certainement a-t-il crié "Erbarme Dich O Herr!", plus d'une fois.



    C'est pourquoi, je voudrais dire, ce soir, que quelque soit ce que vous voulez bâtir, dans votre vie, quels que soient les méandres de votre parcours, ne perdez pas courage. Parfois, les grands projets mettent des années à voir le jour.
     Que vous ayez 20 ans ou 50, il n'est jamais trop tard.
     Ce que vous mettrez au monde, même si c'est quelque chose de tout petit, même si c'est quelque chose de modeste, ce sera votre pierre à l'édifice du monde.



     Du compositeur au maçon, de la nounou au berger dans les montagnes, du médecin à la femme de ménage, ce que vous faites avec amour sert à la marche du monde.
      Ce n'est pas la teneur de votre action qui compte le plus, c'est l'amour que vous y mettez.



     Et ceux qu'on dit inactifs, les jeunes au chômage, les déshérités de notre société, les personnes gravement malades, les gens âgés, les personnes qui passent leur vie à l'hôpital psychiatrique, les réfugiés, les mal-aimés, les exclus, vous êtes encore plus importants. Votre courage, c'est de survivre dans un monde profondément injuste qui oublie votre humanité. Vos souffrances, votre combat, vos larmes, sont comme des graines jetées dans les ronces: elles fleuriront bientôt, et leur splendeur sauvera le monde.






     Jérémie, vendredi 22 avril 2016

mardi 12 avril 2016

Le jour où tu ne seras plus là



LE  JOUR  OÙ  TU  NE  SERAS
PLUS  LÀ





Ce soir, en te regardant dormir,
J'ai su qu'un jour,
Tu ne serais plus là.

J'ai regardé ton visage,
Je m'en suis imprégné.
J'ai vu tout ce qui va me manquer,
J'ai vu l'absence s'inscrire
Sur tes traits.
Tout cela se sera évanoui,
Comme un songe trop vrai,
Trop beau.

À mesure que tu sombrais
Dans le sommeil,
Tu t'es détaché de moi.
Tu m'échappais déjà.
Je voulais te retenir,
Te garder au chaud de mon cœur.
Mais déjà tu t'envolais,
Déjà tu me fuyais...

Le chagrin s'est glissé,
Tout contre mon âme.
Je voudrais te garder,
À jamais vivant
Contre mon corps.
Tes paupières ont tremblé un peu,
Ton souffle s'est fait lourd.
Ma main posée sur toi,
A senti chaque secousse,
De ton sommeil agité.

J'ai voulu t'apprendre par cœur,
Pour ne rien oublier de toi,
Pour ne rien oublier de ce printemps.
J'ai eu le cœur chaviré,
De te savoir si fragile,
De t'imaginer absent.
À t'aimer au-delà de moi-même,
Je suis devenu captif
De notre île au bonheur.

Comment saurai-je
Sans toi,
Donner suite à ma vie?
Le besoin de te sentir contre moi
En devient douloureux.
Comment imaginer un instant
Te perdre,
Toi qui fais de mes jours
Un poème?
Comment croire encore
En ma vie,
Si tu la désertes,
Me laissant béant de douleur?

Bientôt tu vas t'éveiller.
Je me ferai tendresse,
Pour te cueillir hors du sommeil.
Je me ferai câlin,
Je te bercerai de ma voix.
La vie suivra son cours.
Parce que je t'aime au-delà de tout,
Je te donne ma vie, mon être,
Car un jour, Dieu le sait,
Tu t'endormiras pour l'éternité.

Et je serai béant de toi,
Et dans ma vie qui chavire,
Je voudrai n'avoir rien vécu en vain,
Je voudrai avoir dit
Tous les je t'aime,
Pour que mon amour puisse
Te trouver,
Au-delà du temps,
Au-delà des mondes.

Alors, je saurai,
Que tu emportes le meilleur
De ma vie,
Et que personne au monde,
Ne pourra m'aider
À traverser la montagne
De mon chagrin.

Vivre sans toi
Sera un chemin dans le désert,
Car tu as étanché toutes mes soifs.





Jérémie, 12 avril 2016

dimanche 3 avril 2016

BARBARA L'UNIVERSELLE




     BARBARA  L'UNIVERSELLE


  


      Les chansons de Barbara sont inscrites dans le cœur de son public, comme autant de récits de vérité, d'amour, de solitude.

     Barbara revient de son passé comme une rescapée. Elle dira: "Je n'ai pas eu d'enfance, et c'est sans larmes."

     Sa déchirure, son terrible secret, elle le porte à travers ses chansons.
"Nantes", qu'elle n'a pu chanter sans à chaque fois un pincement de cœur,
évoque ce père qui l'a violée pendant toute son enfance.


 


       Barbara parle à notre âme esseulée, qui cherche la lumière à travers l'obscurité de notre histoire, de nos amours.

       Elle a dit: "Toute ma vie se trouve dans mes chansons."

       Sa voix unique, profonde, bouleversante, sa voix claire et désespérée, expressive, à fleur de peau, sa voix velours, sa voix qui nous touche au plus profond...

       Barbara était une femme libre, une femme amoureuse.

       Sa chanson: "Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous", s'adresse à son public, son public qui la fait vibrer, exister, son public, qui, quand elle n'avait plus de voix sur scène, chantait les chansons à sa place.


 


    Le public de Barbara est reconnaissant, il ne pourra jamais oublier toutes ces chansons, qui sont des confidences, des cris, des aveux.

     Sa vérité toute nue transparaît, avec une sincérité qui donne le frisson.

      Barbara à chanté la mort, aussi, cette mort qui donne à la vie sa profondeur, la mort de ceux que nous avons adorés, ineffaçable chagrin.

      Mais elle a surtout chanté la vie, l'amour, l'espoir, la colère, le printemps, l'automne rousse, et ce mal de vivre qui nous prend, et nous empoigne.

      "L'Aigle Noir" restera sa chanson la plus célèbre, un hymne, une voix qui s'élève...





      L'Aigle Noir, c'est le crime de cet adulte qui vient visiter l'enfance, nous morcelant à jamais.

      Une des ses premières chansons nous susurre:

 Dis, quand reviendras-tu?
 Dis, au moins le sais-tu?
 Que tout le temps qui passe,
 Ne se rattrape guère,
 Que tout le temps perdu,
 Ne se rattrape plus!

      La Dame en Noir nous fait aimer la vie, dans sa fulgurance.

      Elle nous dit:
Faites fleurir votre vie, faites-en un poème, un soupir.

       J'ai découvert Barbara à 27 ans. Ses chansons, je les connais toutes.
        Elle m'a aidé à vivre les années noires, les années chagrin.

        Barbara reste chère à mon cœur, pour verser le trop-plein de larmes, pour espérer encore, pour aimer la vie, justement parce qu'elle nous crucifie, pour ne pas vivre en aveugle dans un monde qui ne cesse de déployer toutes ses beautés.

 

    Jérémie, 2 avril 2016








vendredi 1 avril 2016

Élan


ÉLAN




Oh! Que ma douleur d'exister
Est forte!

Les effluves de l'amour
Me font chavirer!

J'apprends le jour,
J'apprends la nuit,

Que tout se tarit,
Que tout jaillit,
Comme une flèche
Qui se fiche
Droit dans le Cœur!

Maintes fois je crois mourir:
Mais c'est plus haut que la vague
Me porte,
Et mes assurances chancellent.

Ah! Me perdre mille fois encore
Dans la forêt insoumise,
Qui comme une antre des rêves,
Me porte haut puis me lamine!

J'ai perdu mon ancre,
Au large je navigue,
Et ploie sous le vent:

La Vie efface tout,
Et recommence,
Brisant mon orgueil
Et me jetant dans les excès.





Le vieux Manoir de mes envies
S'écroule.

Il me reste ma vigueur,
Ma folie,
Et ma détresse.

Il reste le chemin à parcourir,
Porté par le ciel,
Ébranlé par le tonnerre!

Oui, ami,
Apprend,
Que la Vie est un éternel
                   Recommencement!



Jérémie, 31 avril 2016.