dimanche 3 septembre 2017

Toute autre parole est moins importante


 
 

  TOUTE  AUTRE  PAROLE
        EST  MOINS  IMPORTANTE

  

   Tu viens de t'endormir.

  

   Comme toujours quand je mets une belle musique.

   Tu t'apaises. Le sommeil vient te cueillir soudainement.

   Sous tes paupières closes, une paix.

  

   L'air de Bach est sublime. Moi aussi je l'aime.

   Quand tu voyages ainsi dans le monde des rêves, je me sens responsable de toi.

   Je suis ton gardien.

   

   Ce jour j'ai pensé au jour où tu as sangloté longuement. Tu étais si épuisé.

   Moi aussi j'ai pleuré. Ne pouvant autrement répondre à ta détresse.

   

   Comme hier je te prenais dans mes bras. Je te berçais doucement.

   Mon impuissance à te consoler m'est revenue violemment. Je me sentais petit et misérable.

   Mais tu me dis toujours que ma présence en elle-même te fait du bien.

    


   Présent je le suis.

   Je voudrais toujours l'être. Je voudrais te retenir vers moi, encore un peu.

   Encore une année. Encore dix ans.

   

   Tu es là, si près de moi, plongé dans un sommeil qui te submerge.

   Dans un instant, dans si peu de temps, tu vas revenir. Tu vas ouvrir les yeux.

   Tu vas dire une phrase, un mot. Tu vas sourire.

   Bach t'emporte, mon amour. Bach me fait du bien, à moi aussi.

  

   Voilà que tu replonges. Tes paupières se sont fermées à nouveau.

   Tu es las.

   Et moi je songe. À tout.

  

    Au temps qui passe trop vite.

    À notre amour qui me comble.

   Aux saisons qui viennent.

   Bientôt déjà nous serons en automne.

    Les fruits seront mûrs, l'opulence nous sera offerte.

    L'hiver arrivera.

   

   Des hivers nous en avons connus.

   Sourdement nous souffrions, nous étions à la dérive.

   Comme ce soir où tu voulus partir.
Je t'ai retenu. Je t'ai crié "je t'aime", avec l'ardeur du désespoir.

  Tu es revenu.

  

   Depuis ce soir où il s'en fallut de peu que tu meures, je mesure que mon amour pour toi s'abreuve à chaque instant, à chaque seconde.

  

    J'ai su que ta présence m'était la chose la plus précieuse au monde.

   Je donnerais tout pour toi.

   Tout.

  

    Ma vie.

   Tout ce que je possède.

   Tous les trésors de mon âme.

  

   Tu viens de t'éveiller.

   Tu es encore là! Avec moi!

   Tu partages tes rires et tes larmes!
   Tu me fais le don inestimable de ta présence!

   

   À t'adorer en silence, je mesure ma chance.

   Ma chance inouïe de t'avoir à mes côtés.

   La vie avec quelqu'un qu'on aime n'est jamais banale, quand on sait que le temps est compté.

  

   Ta fragilité m'émeut tellement, je pourrais en pleurer.

   Verser des larmes pour chaque instant avec toi.

   Pleurer leur fugacité.

  

   La poésie de ceux qui s'aiment jaillit en sources vives.

   Pourquoi gaspiller le temps et la vie?

   Pourquoi se perdre, quand le temps d'aimer ne se conjugue jamais qu'au présent?

  

   Alors de ce silence plein de toi,
De cette musique qui chante et s'épanouit, je fais notre symbole.

   Je t'aime et te le dis, chaque fois que je le peux.

   Toute autre parole est moins importante.

   Je t'aime.

   

Jérémie, le 28 août 2017

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